26 Mars 2019

Marie-Noëlle Robert

Et le jazz, dans tout ça ?

Le Jazz et Paris, c'est une longue histoire ! De la première guerre aux années 1960, le Jazz s'impose en France et se mêle à la variété et la chanson.

Lorsqu’on évoque la Seconde Guerre mondiale, et surtout la Libération, c’est la musique de Glenn Miller qui vient tout de suite à l’esprit. Mais en fait, le jazz a débarqué en France… lors du conflit précédent ! En 1917, plus précisément, au moment où les États-Unis s’engagent dans la Grande Guerre aux côtés des forces de l’Entente. De nombreux soldats noirs font alors partie des contingents américains. Parmi eux se trouve le lieutenant James Reese Europe, membre du 369e régiment d’infanterie (les « Harlem Hellfighters »). Avec son orchestre, il joue un rôle majeur dans la diffusion du ragtime et du jazz en Europe. Ce dernier genre fait sensation : il surprend le public, le déconcerte, provoque sa ferveur. Jean Cocteau, qui assiste en 1919 à un concert au Casino de Paris, décrit « un ouragan de rythmes et de tambour » dans une salle applaudissant debout, « déracinée de sa mollesse par cet extraordinaire numéro qui est à la folie d’Offenbach ce que le tank peut être à une calèche de 70 ». Certains des musiciens américains qui avaient participé à la guerre reviendront en Europe dans les années 1920. Ils y retrouvent leurs confrères qui n’avaient pas été mobilisés. La plupart animent ensuite les cabarets de Montmartre et Montparnasse jusqu’en 1939.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis proscrivent le jazz, qualifié d’« entartete Musik » (« musique dégénérée »), mais dès la fin de guerre, l’enthousiasme des Parisiens pour cette musique renaît immédiatement. Les souffrances liées à la période sombre qui vient de s’achever laissent place au goût du plaisir et des distractions. Peu à peu, le jazz sort des cercles de spécialistes où il était alors confiné pour s’adresser au grand public. Sa diffusion est également facilitée par les nouvelles techniques qui vont favoriser le développement de la culture de masse. De nombreux musiciens de jazz américains viennent en France dès la fin des années 1940. Certains ne restent que le temps d’un concert, d’autres séjournent quelques mois ou années, comme Miles Davis qui, tout comme Art Blakey, reviendra enregistrer des disques mémorables dans les années 50. Quelques-uns d’entre eux s’installent définitivement dans l’Hexagone, comme Sidney Bechet en 1949 et Kenny Clarke à partir de 1956.

Avant-guerre, Charles Trenet avait été le premier à introduire ces nouvelles sonorités dans la chanson française. Après 1945, la jeune génération des artistes de variété poursuit sur cette lancée. Yves Montand, les Frères Jacques, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour et tant d’autres ont été très influencés par la musique noire américaine, qui va ensuite marquer le paysage musical français encore pendant de nombreuses années.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis proscrivent le jazz, qualifié d’«entartete Musik» («musique dégénérée»).

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