Christophe Rousset

« De la grâce enfantine au plus profond des tragiques, de la lumière de la campagne viennoise au plus sombre des passions romantiques, Schubert sait créer des mondes de contrastes, de climats et sensations par ses symphonies. Avec ses grandes sonates posthumes, ce sont ses programmes les plus ambitieux. D’aucuns trouvent ses développements trop longs, c’est se priver du plaisir du charme hypnotique de cet infini qui s’ouvre à nous. Car évidemment Schubert maîtrise la forme tout autant que la palette de son orchestre pour atteindre à ces fascinantes et uniques architectures. Car si tout mélomane le chérit pour ses lieder ou ses impromptus, il délaisse parfois injustement cet univers symphonique où ce contemporain de Beethoven a excellé…. autrement ! »

Au programme

Les symphonies de la première période
Alors qu’il avait trouvé d’emblée dans le lied son expression personnelle, il a fallu à Schubert symphoniste beaucoup de temps et d’efforts pour se dégager de l’influence des premiers maîtres qu’il s’était choisis, Haydn et Mozart. Mais quelle que soit leur évolution stylistique, toutes les symphonies de Schubert sont l’oeuvre d’un compositeur profondément inspiré, et elles ont beaucoup à offrir à l’auditeur. On ne trouve pas, parmi elles, une seule oeuvre véritablement «juvénile».
Schubert composa ses trois premières symphonies pour l’orchestre de son école, pendant la brève période entre octobre 1813 et mai 1815. Deux cents œuvres les séparent de la composition de la Quatrième Symphonie, mais cette énorme production n’amène qu’en avril 1816. En février 1818, les Cinquième et Sixième Symphonies avaient été ajoutées à la chronologie des œuvres de Schubert, et s’il s’était arrêté de composer des symphonies à ce moment, ce jeune homme de vingt et un ans aurait passé à la postérité comme le dernier des maîtres symphonistes classiques.

Les symphonies de la deuxième période
De plus grandes œuvres allaient suivre, des symphonies qui allaient éclipser les six premières dans l’esprit du public pendant plus d’un siècle et demi. La voie qui mène à ces oeuvres est jonchée de tentatives manquées. Le désir de s’exprimer en phrases plus longues, de développer ses idées thématiques selon les dimensions qui leur convenaient força Schubert à chercher une nouvelle manière d’organiser sa musique. Entre 1818 et 1822, une demi-douzaine de mouvements symphoniques parurent pour en rester au stade d’esquisses. Datant d’août 1821, une de ces suites qui arriva au stade de partition pour piano fut mentionnée dans le catalogue de Schubert comme une Septième Symphonie en mi majeur (ces fragments, frappant par la beauté de leurs figures mélodiques, ont été orchestrés par divers musicologues et compositeurs avec des résultats plus ou moins intéressants, mais sans ajouter une authentique symphonie de Schubert à son oeuvre). Finalement, en octobre 1822, Schubert acheva deux magnifiques mouvements symphoniques et commença à travailler à un troisième. Selon la plupart des musicologues, la Huitième Symphonie en si mineur n’alla jamais plus loin, mais, même sous forme de deux mouvements, cette «Inachevée» – qui allait établir après sa création post mortem, le 17 décembre 1865, la gloire universelle du compositeur – s’empara de l’imagination du public, à cause, notamment, de la brûlante question de savoir comment Schubert aurait pu l’achever. Mais comment garder le même ton, la même puissance d’émotion et prolonger l’extase des deux mouvements achevés ?

Les symphonies de la troisième période
Schubert passa à d’autres projets et ne revint à la composition symphonique qu’en 1825, au cours de vacances d’été à Gmunden et Gastein, dans les montagnes. Pendant un certain temps, on a cru que la «Symphonie de Gmunden-Gastein» mentionnée dans plusieurs de ses lettres était l’une de ses œuvres disparues, mais la plupart des connaisseurs s’accordent maintenant pour estimer qu’il s’agissait d’un premier état de la Neuvième Symphonie en ut, dite «La Grande», qui ne fut sans doute complètement achevée, selon certains, qu’en 1828, l’année même de la mort de Schubert.

Patrick Szernovicz (extraits du programme du Bicentenaire Schubert au Châtelet en 1997)

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