26 Mars 2019

Article

Thomas Amouroux

Interview de Dimas Tivane

Dimas Tivane, 26 ans, artiste complet, s’inspire des récits des habitants pour réinventer l’art de la marionnette. pour la réouverture du théâtre du châtelet, il s’invite dans les rues de paris avec ses marionnettes géantes, pour un défilé festif et familial auquel il convie tous les parisiens.

Évoquer à travers un théâtre de rue populaire des problématiques sociales et des thèmes qui préoccupent les Mozambicains dans la société d’aujourd’hui : c’est avec cet objectif que de jeunes artistes se sont rassemblés sous l’impulsion de Dimas Tivane pour créer une association culturelle, les Marionetas Gigantes de Moçambique. Cette initiative voit le jour en 2011 dans le cadre d’un projet soutenu par le Centre culturel franco-mozambicain de Maputo avec l’aide de l’Union européenne. L’idée s’inspire du travail effectué par une compagnie française, Les Grandes Personnes, et de sa filiale au Burkina Faso : Les Marionnettes de Boromo.

Sous la direction de quatre membres de cette compagnie, des artistes mozambicains, bissau-guinéens, sud-africains et français ont travaillé ensemble à la création de masques et de marionnettes géantes qui ont donné lieu à un spectacle de rue présenté à proximité de deux marchés populaires de la ville de Maputo. Des thèmes aussi divers que la corruption, la marginalisation des personnes handicapées ou la pauvreté ont été discutés, puis abordés lors du spectacle par les participants, qui avaient au préalable fabriqué les marionnettes avec des barres de métal, du matériel recyclé, de la boue et du papier mâché. De tout ce processus sont nés des personnages représentant l’univers social du Mozambique actuel, et parfaitement identifiables par quiconque connaît la réalité du pays. Dimas Tivane et ses marionnettes seront les invités d’honneur de la grande parade prévue en préambule du spectacle de réouverture du Théâtre du Châtelet. Ils entraîneront dans la fête petits et grands, du parvis de l’Hôtel de Ville jusqu’au Théâtre grand ouvert.

Comment en êtes-vous arrivé à imaginer ce projet spectaculaire pour le Théâtre du Châtelet ?
Il y a un an, Ruth Mackenzie, co-directrice du Théâtre, atterrissait à Maputo (Mozambique) des idées plein la tête et l’envie de « trouver un projet fou pour la réouverture ». Je lui ai répondu : « Tu as frappé à la bonne porte, car c’est la folie qui nous intéresse. Bienvenue à la maison ! » Tout est allé très vite : on a improvisé une parade dans les rues de la capitale, inspirée du carnaval qui s’y tient chaque année, le troisième plus grand d’Afrique. Elle a pu se rendre compte de la vie, de la passion, de l’esprit de fête que convoquaient nos marionnettes.

Un homme entre deux têtes de statues géantes
Thomas Amouroux
Dimas Tivane lors des ateliers Maputo à Paris en mars 2019

D’un carnaval improvisé à Maputo, on en arrive à ces marionnettes géantes, en plein cœur de Paris ?
Nous sommes convaincus que c’est un langage universel. Certaines de nos marionnettes nous ont suivis dans nos pérégrinations au Japon, au Portugal, au Brésil. D’autres se sont créées au fil de nos rencontres avec les habitants et des problèmes auxquels ils sont confrontés. Nous sommes toujours surpris d’entendre, dans des contrées culturelles très différentes, des récits qui se ressemblent, et partout les mêmes aspirations. À Paris comme ailleurs, nous allons rencontrer des habitants, rentrer dans leurs têtes pour comprendre leurs préoccupations et les représenter.

Comment s’est construit ce processus original de création ?
Il y a huit ans, nous nous sommes rencontrés au Centre culturel franco-mozambicain de Maputo, à l’occasion d’un atelier de fabrication de marionnettes proposé par la compagnie Les Grandes Personnes, installée à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis. Nous nous sommes saisis, à notre façon, de cette technique pour inventer un théâtre de rue festif, populaire, citoyen. Aujourd’hui, avec les Marionetas Gigantes de Moçambique, nous sommes la première compagnie à réunir des comédiens, des musiciens, des danseurs et des plasticiens.

Vous vous efforcez de comprendre les gens, d’entendre ce qu’ils ont à raconter. L’écoute et le partage sont au coeur vos créations ?
On pense beaucoup à l’impact qu’auront nos marionnettes sur les gens, comme la musique qui accompagne nos défilés et que l’on compose. Un visage, une main, une bouche, ça peut avoir des sens divers et profonds. Il faut comprendre ce que les gens ont à dire. C’est seulement ainsi qu’on peut commencer à écrire une histoire ensemble, construire les marionnettes… C’est un mariage artistique et un rapport de confiance. En tant qu’artiste, je n’ai rien. Mais avec ceux qui me confient leur histoire et leur destin, je peux faire apparaître des choses et créer.

«Tu as frappé à la bonne porte, car c’est la folie qui nous intéresse. Bienvenue à la maison !»

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